La porte définit le point de passage d’un endroit à un autre. On parle de la porte d’entrée pour accueillir, et de la porte de sortie pour s’évader. C’est l’élément qui fait une maison, elle ouvre sur l’horizon, elle protège des intrusions.

Cependant, il existe un autre format de porte créé par l’humanité pendant la traite transatlantique « Les portes de non-retour ». La violence du nom définit le sens de ces portes. Ici, on ne fuit pas, on ne franchit pas le seuil par choix et par envie de partir, mais par la force et le fer. Le fer qui tient et tire le corps, le fer animal qui marque la chair, le fer qui vous enchaîne et vous redéfinit comme esclave dans une prison, marchandise, « bien meuble », créé et ancre dans les imaginaires le mythe animal et sauvage de l’« être noir » dont les séquelles sont encore vivement présentes aujourd’hui. « Les portes de non-retours » désignent les lieux, les points de départ et de la déportation des millions de captifs réduit en esclavage en direction des colonies outre-Atlantique pendant la traite négrière. Bimbia, Gorée, Loango, Luanda, Ouidah… Ces portes de pierre sont la signature du point de déshumanisation. L’humanité usurpée.

Bimbia au Cameroun est le dernier site reconnu à ce jour par l’UNESCO comme point de départ des esclaves. Bimbia était un village entiè rement transformé en plaque tournante du commerce. Nos recherches nous ont amenés à Bimbia au Cameroun, une porte de « non-re tour » méconnu que nous avons numérisé en 3D. Nous avons interrogé les passés et le présent, pour comprendre ce lieu. La réalité vir tuelle nous a permis de représenter l’invisible immatériel et l’invisible non reconnu. Nous avons travaillé dans un acte de mémoire et de transmission pour les futurs.

Dans la culture Vodou (qui est aussi présente en Afrique de l’Ouest, dans les Caraïbes et au brésil) en Haïti et pour beaucoup d’esclaves dans les colonies, la mort rimait aussi avec la libération et le retour possible vers la Guinée (Afrique). Nous réalisons cette porte symbo lique spatio-temporelle pour faciliter le retour en Guinée des âmes déportées. Poser une porte de retour, c’est reconnaitre la déshuma nisation, c’est aussi tisser le lien indéfectible du blues de l’atlantique. The Doors invite à faire un voyage, à saisir les portes de non-retour et à montrer l’impact sur notre société actuelle. Nous avons puisé dans des symboles afrodescendants communs qui font résonance.